Diplômé d’HEC et de Dauphine, Sylvain Chapuis a occupé diverses fonctions de directions d’établissement de santé privée avant de fonder l’un des premiers groupes de laboratoire d’analyses médicales. Il a ensuite dirigé de 2012 à 2019 un grand groupe multi-services dans le domaine de la santé. Ces diverses expériences lui permettent aujourd’hui de porter un regard particulièrement intéressant sur les conséquences de la crise du coronavirus en matière de gestion et de gouvernance d’entreprise.
« Même si des premiers signaux venant de Chine pouvaient nous alerter ou nous interpeller, l’année 2020 semblait commencer sous de très bons auspices et rien ne laissait imaginer que cette année allait être différente des précédentes.
Et pourtant en quelques semaines, le sort de l’Italie est venu ébranler le mur de nos certitudes. En effet, si Wuhan semblait loin, Rome ne l’est pas… et personne ne pouvait croire que nos voisins italiens étaient si différents de nous, au point que la barrière des Alpes puisse être notre muraille de Chine.
C’est ainsi qu’en moins d’un mois, nos entreprises et leurs dirigeants ont dû composer avec l’impensable et s’adapter, dans l’urgence, le plus souvent dans l’improvisation, à une situation que personne ne pouvait imaginer.
Manager en temps de crise est bien plus difficile qu’en temps ordinaire et, ces dernières semaines, des choix difficiles, souvent dramatiques ont dû être faits. Ces choix, il a fallu les faire en s’adaptant au jour le jour, en enchaînant les réunions de crises et en gérant l’urgence…
Aujourd’hui, nous pouvons commencer à mesurer les premiers effets de cette crise, qu’ils soient humains, sociétaux ou bien économiques.
Tous, nous commençons à nous interroger sur le monde de demain, sur le déconfinement, sur l’impact et la durée de la récession qui va suivre…
Tous, nous commençons à nous demander quelle va devoir être notre stratégie des prochains mois, non pas celle à 36 mois mais bien celle à 6 ou 12 mois.
« Nous n’en avons pas fini avec les changements, les mutations et les adaptations à marche forcée… »
Gérer la crise, c’est aussi être capable de commencer à réfléchir à cette sortie de crise, c’est être capable, alors que tout le monde est obnubilé par le quotidien, de commencer à voir plus loin, à réfléchir à l’après, et à ses conséquences.
Ce « jour d’après », personne ne sait dire quel changement il portera, quelle forme il aura, mais tous s’accordent à dire que ce demain sera probablement différent, et que, même, plus rien ne sera comme avant…
Sans aller jusque-là, nous pouvons raisonnablement intuiter que nous n’en avons pas fini avec les changements, les mutations et les adaptations à « marche forcée ».
Je ne sais pas si la gestion de crise va devenir notre lot quotidien de dirigeant, mais j’ai la conviction que notre manière de gouverner une entreprise ne pourra dorénavant plus ignorer certaines réalités qui se font fait jour lors de cette crise.
En cela, il y aura un « avant » et un « après » COVID-19. »