La 5ème édition du Baromètre* de la formation et de l’emploi, publiée en février 2024 par Centre Inffo avec l’Institut CSA, offre un tour d’horizon des perceptions et perspectives des actifs français vis-à-vis de la formation et de la reconversion professionnelles et de l’insertion des personnes en situation de handicap.
Dans un contexte de mutations rapides du monde du travail, la formation professionnelle se révèle plus que jamais comme un levier essentiel pour l’adaptabilité et le développement des compétences.
Les résultats de cette 5ème édition illustrent l’importance accrue de la formation continue, la dynamique autour de la reconversion professionnelle, et les défis spécifiques rencontrés par les personnes en situation de handicap dans leur parcours professionnel.
*Baromètre basé sur un échantillon de 1 618 actifs français âgés de 18 ans et plus, représentatif de la population des actifs français selon les critères de sexe, d’âge, de statut en emploi, de la catégorie socio-professionnelle, de la région d’habitation et de la taille d’agglomération
Sommaire :
1. La formation professionnelle continue, soutien indispensable face aux mutations du travail
2. La reconversion professionnelle en 2024, un changement radical pour 1 actif sur 5
3. Focus sur l’insertion professionnelle des personnes en situation de handicap
1. La formation professionnelle continue, soutien indispensable face aux mutations du monde du travail
A. Un monde du travail en constante évolution, qui oblige à l’adaptation
- 2/3 des actifs sont confiants dans leur avenir professionnel (67%) : cette tendance reste assez stable depuis 2021 et c’est plutôt un bon résultat au regard du contexte actuel.
- Pour autant, près d’un actif sur deux (42%) perçoit une transformation rapide de son métier et 45% pensent exercer le même métier à l’horizon 5 ans mais d’une autre manière.
- Plus de la moitié des actifs (53%) pensent actuellement à changer d’emploi (la proportion monte à 72% chez les jeunes) dont la plupart d’ici 2 ans (37% ; +2 points vs 2023).
B. La formation professionnelle, un moyen efficace de répondre aux défis du monde du travail
- Pour 90% des actifs (+4 pts), la formation professionnelle constitue avant tout une nécessité pour répondre aux mutations du monde du travail.
- Les autres principaux bénéfices perçus de la formation : mieux faire ou faire différemment son métier, évoluer professionnellement, conserver son employabilité, prendre du recul sur ses pratiques, etc.
- La perception de cette nécessité se renforce avec l’âge (91% des 50-64 ans).
- En revanche, la démarche apparaît toujours majoritairement contraignante (63% ; +1).
« Nous sommes confrontés à un monde du travail en perpétuelle évolution, qui oblige à l’adaptation de toutes les parties prenantes : les dirigeants, les employés, les indépendants, les organismes de formation, et même les services publics. Dans ce climat, les Français se sentent globalement maîtres de leur formation professionnelle, comme le démontrent les résultats de ce 5e Baromètre. »
Pascale Romenteau, Directrice Générale de Centre Inffo
C. La formation professionnelle, une démarche avant tout personnelle mais qui nécessite un accompagnement
- 77% des actifs pensent que c’est à chacun d’être responsable de son parcours de formation professionnelle continue (iso depuis 2021).
- Plus des 2/3 des actifs (69%) se sentent suffisamment acteurs de leur formation continue, surtout les indépendants, les cadres et les moins de 35 ans (stable depuis 2022).
- 86% des actifs se considèrent eux-mêmes comme les premiers acteurs de leur parcours de formation.
- De nombreux intervenants sont jugés légitimes pour les accompagner : l’employeur (74% ; +2), les organismes de formation (72% ; -1), la branche professionnelle (66% ; +1) et le manager (64% ; stable).
- Les moins de 35 ans expriment une plus forte attente d’accompagnement alors que les plus diplômés vont davantage s’en remettre à eux-mêmes.
Les actifs continuent de montrer un fort intérêt pour leur formation professionnelle : entre 70 et 84% ont déjà émis des souhaits de formation, contacté directement un organisme de formation, fait leurs propres recherches, co-construit leur parcours de formation avec leur manager ou suivi une formation de leur propre initiative en dehors des heures de travail.
D. Le sentiment d’information sur la formation professionnelle progresse mais avec quelques lacunes
- 52% des actifs se sentent bien et de mieux en mieux informés sur la formation professionnelle continue.
- Les moins de 35 ans (71%) et les cadres (61%) se sentent majoritairement bien informés alors que les chômeurs ressentent un manque assez net d’information.
- Les sources d’information viennent essentiellement du numérique (38% via les moteurs de recherche et 29% via des sites internet) et de la proximité relationnelle (29% via l’employeur et 26% via le réseau professionnel).
E. Focus sur 2 dispositifs phares de formation : le CPF et la VAE
- 93% des actifs déclarent connaître le CPF (Compte Personnel de Formation) : ce dispositif détient donc un très bon score de notoriété (stable depuis 2022).
- Cependant, à l’exception des indépendants et des actifs en reconversion, moins de la moitié connaissent le montant de leurs droits de formation (45%).
- La notoriété des dispositifs de formation conserve la même hiérarchie : l’apprentissage et le bilan de compétence sont en tête (respectivement, 91% et 90% des actifs les connaissent) alors que pro-A et Cléa sont les moins connus (38% et 35%).
- L’intérêt pour la VAE (Validation des Acquis de l’Expérience) progresse : plus de 3 actifs sur 5 voudraient en bénéficier (61% ; +3), notamment les plus jeunes et les employés.
F. Attentes et perspectives à l’égard de son évolution professionnelle
- 50% des actifs souhaitent suivre une formation au cours de l’année.
- 63% d’entre eux ont déjà une idée précise de ce qu’ils veulent faire, surtout les 25-34 ans (74%) et les CSP+ (67%).
- Ceux qui ne s’inscrivent pas dans cette démarche le justifient par les manques d’envie, de temps et de budget.
Comme les années précédentes, les formations les plus souhaitées par les actifs concernent les domaines de l’informatique, l’anglais, la comptabilité, la gestion et les formations en management. À noter l’émergence cette année de formation dans le domaine de l’intelligence artificielle.
« Les Français sont très lucides. Ils ont une conscience aiguë d’un monde professionnel qui bouge, mu par les différentes transitions (démographique, générationnelle, numérique, écologique…) et les conséquences sur leur évolution professionnelle.
Les Français sont également mobilisés. Ils savent que la Formation est un outil majeur et qu’ils ont intérêt à s’en emparer.
Enfin, les Français sont bien informés des enjeux et des dispositifs malgré la complexité de la Formation Professionnelle ».
Jérome Marchand-Arvier, Délégué général à l’emploi et à la formation professionnelle au Ministère du Travail, de la Santé et des Solidarités
- 1 actif sur 5 prépare une reconversion professionnelle (21%).
- Les moins de 35 ans et les personnes sans emploi restent les profils les plus attirés par la reconversion (entre 35% et 39%).
- 21% des actifs sont en train de préparer une reconversion professionnelle et 28% l’envisagent. Au total, la reconversion professionnelle concerne donc la moitié des actifs (49% ; +2 par rapport à 2022) !
- Dans ce cadre, l’accompagnement apparaît comme une étape majeure (60% sont ou envisagent d’être accompagnés), tout comme le besoin de formation spécifique (60%)
« C’est un changement très radical : 2 actifs sur 10 songent à changer radicalement de trajectoire, et cette tendance est stable depuis 2021 ».
Julie Gaillot, directrice de pôle chez CSA (Institut d’Etudes)
3. Focus sur l’insertion professionnelle des personnes en situation de handicap
- Près de 1 actif sur 5 se déclare concerné par un handicap (18%), un taux plus élevé chez les chômeurs (30%).
- Et plus d’un tiers des actifs connaît une personne en situation de handicap au sein de son organisation (36%).
- Pour 86% des actifs, le travail est synonyme d’intégration pour les personnes en situation de handicap.
- La connaissance des obligations légales concernant l’emploi des travailleurs en situation de handicap est néanmoins parcellaire : seule la règle des 6% de l’effectif total dans les entreprises de 20 salariés ou plus est majoritairement connue des actifs (68%).
- Pour les salariés directement concernés (entreprises de 250 salariés ou plus), l’identification du référent handicap au sein de leur entreprise n’est pas évidente : seuls 21% savent de qui il s’agit, tout comme une minorité de personnes en situation de handicap (45%).
- Si les actifs sont plutôt à l’aise avec l’idée de devoir travailler avec une personne en situation de handicap (84%), 2 sur 5 pointent un manque de préparation dans ce domaine (40%).
Pour faciliter l’embauche de personnes en situation de handicap au sein des entreprises, l’adaptation des locaux et des postes de travail semble prioritaire pour l’ensemble des actifs (42% pour les deux) alors que les personnes en situation de handicap attendent surtout la sensibilisation (40%) – notamment pour contrer les préjugés – et le respect des obligations légales (38%).
L’édition 2024 du Baromètre de la formation et de l’emploi reflète une prise de conscience croissante des enjeux liés à la formation professionnelle, à la reconversion, et à l’insertion des personnes en situation de handicap. Elle met en évidence la nécessité d’une approche globale et inclusive pour répondre aux défis du marché du travail contemporain, soulignant l’importance de l’accompagnement et de l’accès à des formations pertinentes et de qualité.